Mick Texier
Mick Texier est arrivé à l'Aïkido par hasard en 1977, pour pratiquer une discipline à laquelle il connaissait rien. Il a appartenu à la FFAB, ainsi qu'à d'autres écoles.
Au fil du temps, à dose homéopathique, il a découvert que tout le système fédéral ainsi que les écoles diverses et variées étaient construites sur des contradictions permanentes, et par voie de conséquences insolubles.
A force de lectures (écrits du fondateur de l'Aïkido), d'analyse des discours, et d'étude des techniques des professeurs qui se succédaient, il a compris la fracture immense entre les faux discours et les faux comportements des dirigeants des fédérations, et que l'ensemble de cette discipline s'était dévoyée à outrance par manque de connaissance par la modification progressive des principes élémentaires.
Il a donc décidé, et eu aussi le privilège, de rejoindre L'EPA avec Alain PEYRACHE, le seul professeur (SENSEÎ), qui à sa connaissance continue de travailler en tous points dans les pas du fondateur de l'Aïkido.
A ce jour, il juge être au bonne endroit, et recevoir un enseignement conforme, traditionnel, aux vrais principes de cette discipline (cliquez la pyramide ci-contre qui explique le fonctionnement traditionnel).
Il s'emploie donc par un travail assidu à vivre une véritable transformation de sa personne à travers cette fabuleuse discipline, ainsi qu'a faire connaitre les valeurs traditionnelles de l'aïkido à ses élèves, dans ses trois dojos.
Pour l’ouverture d’un nouveau dojo à Nérondes dès la rentrée prochaine, nous avons rencontré Mick Texier, professeur d’aïkido. Il pratique depuis 1977 cette discipline et appartenait à une première fédération française d’aïkido, qu’il a quittée pour suivre les enseignements d’Alain Peyrache Shihan, expert international et fondateur de l’EPA ISTA. En effet, il voulait retourner à une école traditionnelle dans un souci d’authenticité et de vérité, d’intelligence et de compréhension de cette discipline orientale. Après avoir enseigné pendant treize ans aux côtés de Michel Boukhiar dans le dojo de St Germain du Puy, et voulant participer à l'essor de l'ISTA, Mick Texier s’installe au Complexe sportif, route de Nevers, pour proposer des cours d’aïkido le lundi, de 20h à 21h30 et le mercredi de 19h à 20h30.
Vaste question !!! C’est l’art de faire la guerre pour préparer la paix ! C’est tout simplement l’art de faire la paix avec soi-même et avec le reste de la collectivité. L’aïkido est une discipline martiale, qui se pratique dans ce que l’on appelle un dojo (littéralement « lieu de la voie »), un espace relativement circonscrit : on y accepte des règles précises, et on y adopte une attitude mentale singulière. Dans le dojo, le pratiquant n’est pas chez lui, il est l’invité du maître ; lequel maître choisit son élève, de la même façon que l’élève choisit son professeur. Le maître est le seul juge des aptitudes morales, physiques et comportementales d’un élève, à apprendre cette discipline.
Lire la suite... »Attention ! L’aïkido n’est pas un sport avec obligation de résultat ! Il n’y a pas de compétition… pas d’Olympiades non plus ! Les autres disciplines sont amputées de l’essence même de la notion d’art de guerre, puisqu’elles sont codées, et répondent à des critères par trop normatifs. Dans l’art véritable de la guerre, on ne comptabilise pas les points, pour décerner des médailles… On est vivant ou on est mort en une fraction de seconde ! Dans l’aïkido, on est dans un art –ou une discipline- où les notions martiales restent fondamentalement présentes, par des attaques réelles, ainsi que des techniques très efficaces, dans une logique de non résistance.
En effet, on dit très souvent que l’aïkido est l’art de défense par excellence. Pourtant, c’est aussi paradoxalement un art d’attaque ! On évoque rarement ce point crucial dans l’aïkido, parce que cette notion est peu usitée, voire comprise, par certaines écoles et même par des haut gradés ! L’aïkido n’est pas un art de défense, dans ce sens où il s’agirait de subir, d’attendre et de réagir selon une situation. Si tel était le cas, on ne serait plus dans un rapport martial, mais dans un rapport où l’on subirait l’attaque et où on serait déjà complètement dépassé par les événements. Le pratiquant « TORI » se met dans une situation où il doit s’arranger pour « sentir » quand dans un contexte particulier, une attaque doit surgir. Il doit anticiper. Il agit et se met dans une posture telle, que l’attaquant « AITE » est déjà sollicité inconsciemment : à ses dépens, ce dernier se voit contraint de prendre une certaine position pour attaquer.
La notion d’anticipation est une des données fondamentales de l’aïkido qui donne un accent tout à fait singulier à cette discipline. Le but ultime de l’aïkido est d’influencer l’attaque, d’orienter le sens de celle-ci, (qu’elle soit réalisée d’une certaine manière), pour « absorber » cette même attaque dans une technique précise, et ainsi inscrire ce rapport dans un mouvement général. Dans l’aïkido, il n’y a pas d’opposition, mais un travail d’absorption, que l’on nomme le « KI NO NAGARE » (se mettre dans le sens d’attaque de l’adversaire pour mieux le contrôler). L’objectif n’est pas de blesser l’AITE, mais de le neutraliser, grâce à des techniques en forme de spirale. C’est là où l’on voit tout le côté grandiose et extraordinaire de l’aïkido ! L’aïkido est donc un budo fondamental humaniste.
Dans la logique de l’absorption, cela suppose qu’effectivement, il y ait une maîtrise du début jusqu’à la fin de l’action. L’attaquant se trouve dépossédé dès le départ. Le fondateur, Maître UESHIBA, disait souvent : « avant même que l’on ait l’idée de m’attaquer, avant même que l’attaque soit déclenchée, l’agresseur est vaincu d’avance, parce que moi-même, je ne combats pas. ». TORI se met dans une situation pour que AITE l’attaque d’une façon particulière, sans que ce dernier n’ait conscience qu’elle soit dirigée. Lorsque son attaque se déclenche, il n’y a pas comme dans les autres arts martiaux, une notion d’opposition, voire de réplique ; la notion fondamentale de l’aïkido étant de travailler sur la non-résistance. AITE va trouver du vide et sera en déséquilibre. Face à ce vide, il va être en bout de course, sur une attaque ou une saisie, et va se retrouver face à un corps qui s’échappe. Il va donc être complètement « aspiré ». C’est alors, à cet instant précis, que la technique de l’aïkido s’applique : travailler au bout de la force. ==Qu’est-ce que vous entendez par « travailler au bout de la force ? » Travailler au bout de la force signifie que TORI ne doit présenter aucune résistance. A ce moment-là, tout l’engagement et toute la dynamique de l’agresseur (AITE) est complètement annulée car n’ayant plus aucun appuis, il se trouve alors totalement déséquilibré. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là, que la technique de l’aïkido commence à opérer, dans une logique d’absorption et de circularité continue. C’est ce qu’on appelle le principe du centre ? C’est un mouvement d’entonnoir : l’attaquant (AITE) est pris dans un mouvement de circonférence, qui descend d’une façon infundibuliforme. Il se retrouve pris dans une force centripète et échoue en un point précis. Le centre de tout mouvement, c’est TORI. AITE est toujours à la périphérie du mouvement, du début à la fin de l’action. Finalement, l’aïkido semble être une discipline très construite, basée sur des principes rigoureux ! AI veut dire : « unité, ensemble, action globale, harmonie » KI : « le souffle, la respiration, la dynamique, l’énergie » DO : « la voie, la recherche, le travail de l’union de l’action et de la respiration ». On voit bien alors qu’il convient d’anticiper toute action : ◾ dans un premier temps, par une intention première, qui consiste à contraindre l’attaquant (AITE) à s’engager dans un déplacement attendu; ◾ dans un second temps, quand l’attaque se produit, TORI n’offre aucune résistance par le biais d’un contact minimum déjà fuyant, pour se dégager et absorber plus facilement; ◾ dans un troisième temps, l’attaquant (AITE) se trouve en déséquilibre puisqu’il n’a aucune prise, aucun point d’appui, aucun point d’accroche. Il est dans un vide. ◾ C’est dans un quatrième temps, que TORI peut imprimer alors un sens nouveau ; ce sens devenant un mouvement centripète. Dans cette logique de non-opposition et d’aspiration, AITE se retrouve donc dans un mouvement circulaire pour être complètement attiré au sol et être neutralisé. Bien évidemment, cet enchaînement d’actions peut paraître complexe et mécanique, ne l’est absolument pas. L’action est unique et indivisible. Elle s’effectue dans une globalité unique, dans une respiration générale. En résumé : Anticiper l’action, Accepter l’attaque, Transformer la dualité en un mouvement unique.
Tout le monde peut travailler ! Absolument tout le monde : les enfants, les femmes et les hommes de tout âge. On peut travailler jusqu’à son dernier souffle, ce qui n’est pas forcément le cas pour les autres arts martiaux ! C’est une discipline qui suppose d’avoir de la souplesse –ça s’acquiert assez rapidement- et d’avoir un bon mental. Cette pratique ne demande pas de force, ni d’effort physique. En fait, c’est une pratique de paresseux, où il ne faut faire que le strict minimum.
Effectivement, car lorsque les gens tombent, ils font des chutes doucement. Il y a des chutes avant, et on apprend à tomber en pliant les genoux. Les chutes arrière supposent que l’on vienne s’asseoir et que l’on épouse la forme du tapis. On est toujours dans une relation de respect du corps, de non-traumatisme de celui-ci. C’est en cela que l’on peut dire aussi que l’aïkido, au-delà du travail de la souplesse et de l’entretien physique, participe aussi d’une action préventive pour le corps. Il soigne le corps en faisant circuler les énergies.
Bien entendu, mais ils devront se réapproprier leur corps autrement. Il faut faire MISOGI : « tailler le corps en lanières ». Cela signifie faire des mouvements très simples et justes ; épurer le corps et l’esprit de tout ce qui les encombre.
En effet, on travaille également l’aïki-ken et l’aïki-jo. L’aïki-ken est cette partie de l’aïkido qui se pratique avec ce que l’on nomme un bokken (un sabre en bois de 500 gr) tandis que l’aïki-jo nécessite un jo (un bâton d’1,20m). Le bokken est la réplique du katana, le sabre du samouraï. Il permet de travailler les notions de distance, que l’on appelle le MAWAI (« notion d’espace-temps »), entre AITE et TORI. Cela oblige à acquérir de bonnes positions de corps, tout en gardant un corps décontracté et des épaules bien relâchées. La colonne vertébrale est bien étirée, et le regard est horizontal. Ce travail permet de développer une bonne posture, un bon SHISE. Il en va de même avec l’aïki-jo, pour travailler ces mêmes notions. On peut également utiliser le tanto, qui est un couteau en bois. Le travail des armes est une partie intégrante de l’aïkido, et permet d’aborder avec beaucoup plus de justesse ces notions fondamentales que l’on retrouvera lors du travail à mains nues, dans toutes les saisies comme dans toutes les attaques.
Ca dure à peu près une heure et demie, et ça se déroule de façon traditionnelle. Lors de l’échauffement d’une demi-heure, on fait des choses excessivement douces pour détendre la musculation, la colonne vertébrale, toutes les articulations afin d’assouplir le corps dans son intégralité. Le cours peut se présenter de plusieurs façons : soit aborder une technique, soit plusieurs techniques. Ce même cours peut être enrichi par des techniques au jo ou au bokken. On peut retrouver trois types de travail sur le tatami : certaines techniques peuvent être travaillées au sol (SUWARI WAZA) ; d’autres techniques demandent à ce que l’un soit au sol et l’autre debout (HANMI AN TACHI WAZA) ; d’autres enfin s’opèrent tandis que les deux protagonistes sont debout (TACHI WAZA). Toutes ces approches permettent au corps de devenir intelligent, de respecter les distances et d’avoir une relation d’absorption. Comme vous le constatez, tout ce travail fait partie d’un ensemble : on aborde la discipline dans son intégralité, et non pas, par petits bouts, de temps en temps, quand on en a envie !
Avant de répondre à cette question, je voudrais apporter une précision quant au rapport que l’on peut entretenir avec cette discipline. En effet, l’Occidental a un rapport à la parcellisation, à l’analyse systématique de chaque élément, et pense ou construit par accumulation des éléments successifs. Il part du particulier pour arriver au général. L’Oriental, lui, opère à l’inverse de ce système de pensée : il s’inscrit dans un tout, une nature, un ensemble. Quand il pense et agit, il s’inscrit dans l’univers, qu’il survole, pour de cette globalité, aller vers le particulier. L’ego n’existe pas chez l’Oriental, il est fondu dans une logique d’ensemble. AITE n’a pas lieu d’agresser, donc il va être remis à une place qui lui appartenait avant cette agression, par le biais de cette théorie mentale et physique, technique. On voit là tout l’esprit oriental qui se distingue de l’esprit occidental, où par définition, l’Occidental est dans la surenchère, dans l’agressivité, dans un rapport de violence, de mépris, dans un rapport de mort et de destruction… dans une véritable pulsion de mort !
Au-delà de la discipline martiale, de la discipline technique, l’aïkido apporte énormément. Il apporte bien entendu de la souplesse, un bien-être physique. Il participe donc aussi d’un entretien du corps ! Celui-ci donne également une formidable assurance de soi face aux tracasseries de tous les jours, les tracasseries du travail, l’arrogance de ce que je nomme « les petits chefs », la difficulté à être dans des situations conflictuelles. Il permet de subir de moins en moins des situations dites de déstabilisation. Au fil du temps, ça donne une réelle assurance de soi et ça permet d’aborder le quotidien avec une sorte de quiétude. Il ne faut pas oublier que l’aïkido est issu d’une pensée bouddhiste. L’aïkido est non seulement une sorte de régulateur physique, mais aussi un régulateur mental qui sous-tend, à travers sa discipline et son enseignement, une espèce d’humanisme très particulier. En effet, il permet ou doit pouvoir permettre d’être enfin totalement soi. C’est le NICHI JO NO TAI DO, ou « l’attitude dans la vie quotidienne ».